Lors de la prise de décision pour un investissement quelqu'il soit, le chef d'entreprise doit évaluer la capacité de son entreprise à financer cet investissement tout en respectant ses obligations à l'égard de ses investisseurs et prêteurs.
Pour cela, plusieurs méthodes existent, et en particulier le recours à la capacité d'auto-financement (CAF) et l'étude des flux de trésorerie (cash-flow).
Si la notion de flux de trésorerie est plus facile à appréhender puisqu'elle correspond aux entrées et sorties réelles d'argent au sein de l'entreprise, la notion de CAF est quant à elle bien souvent indispensable puisque c'est sur cet élément que se basera le banquier pour évaluer le risque et calculer le temps nécessaire à l'entreprise pour rembourser ses dettes.
C'est cette double utilisation dans les plans de financement qui est à l'origine d'une confusion entre ces deux notions.
Les notions de capacité d'auto-financement et de flux de trésorerie
La CAF représente les ressources potentiellement générées par l’entreprise et ce, uniquement par son activité.
Elle peut être calculée directement à partir du résultat net (+ les dotations aux amortissements et provisions pour risques et charges) auquel seront soustraits les produits non encaissables et les charges non décaissables (reprise sur provision)
Cette capacité d'auto-financement est utilisée pour investir, payer des emprunts ou encore verser des dividendes. C'est un flux potentiel, quand le cash-flow flux de trésorerie en français) correspond à un flux réel.
La CAF ne prend pas en compte les entrées et sorties de trésorerie réalisées au cours de la période. Le banquier comparera la CAF au montant des dettes financières (dettes financières/ CAF), qui indiquera le temps que mettra l'entreprise à rembourser ses dettes en années.
Le flux de trésorerie (ou cash flow) intègre quant à lui les flux réels et uniquement ceux-ci : les paiements fournisseurs et clients ne sont intégrés qu'une fois effectués réellement. On voit bien qu'il fournit une vision très concrète de la capacité d'une entreprise à assumer année après année, ou parfois mois après mois ses remboursements d'emprunts.
L’impact des normes IFRS
Historiquement, la capacité d'auto-financement apparaît en France en 1984, d'abord sous la forme de marge brute d'auto financement, puis sous la forme actuelle, qui retranche les provisions, permettant à l’entreprise de ne pas être pénalisée par sa politique de provisions.
Aujourd'hui, avec les normes IFRS, il est de plus en plus courant d'utiliser la notion de flux de trésorerie, permettant une vision en trois catégories :
- les flux de trésorerie liés à l'exploitation ;
- les flux liés à l'investissement ;
- les flux liés aux financements.
Cela présente l'avantage d'aider le chef d'entreprise à bien distinguer les différentes sources de richesse de son entreprise, en fonction de son activité.
- Les flux de trésorerie liés aux activités d'investissement correspondent aux dépenses et revenus générées par les immobilisations acquises ou cédés au cours de la période considéré. Ainsi, ils permettent au chef d'entreprise d'estimer la rentabilité de ses investissements vis à vis de son appareil productif.
- Les flux de trésorerie liés aux opérations de financement sont directement liés aux emprunts et aux fonds propres : remboursements d'emprunts bien sûr, mais également versement de dividendes et émission d'actions ou d'obligations.
- Enfin, et c'est le flux fréquemment confondu avec la CAF, le flux de trésorerie lié à l'exploitation, correspond aux dépenses et recettes réellement engagées ou perçues au cours d'une période donnée par une entreprise auprès de ses clients et fournisseurs.
Deux méthodes, directe et indirecte, existent pour calculer ce dernier flux.
La méthode indirecte utilise directement la CAF, à laquelle vient s'ajouter la variation du besoin en fonds de roulement (calculée par la somme des variations de comptes de fonds de roulement entre le bilan d'ouverture et le bilan de clôture).
La méthode directe permet de calculer les flux de trésorerie en soustrayant aux encaissements clients les décaissements fournisseurs, salariés et organismes de protection sociale, ainsi que le paiement des impôts liés à l'exploitation.
Capacité d'auto-financement et cash flow : deux notions bien distinctes
De manière très concrète, le banquier regardera plus spécialement la CAF, en étudiant le ratio dettes financières/CAF, pour s'assurer du bon remboursement de la dette.
L'investisseur regardera plutôt le cash-flow, soit la capacité de l'entreprise à générer de l'argent suffisamment pour rembourser ses emprunts et pouvoir encore payer des dividendes. Cette notion sera également utilisée par le banquier pour estimer ses marges de manœuvre : l'entreprise conserve-t-elle de la capacité à investir après avoir remboursé ses charges annuelles d'emprunt et versé des dividendes ? C'est la logique d'investissement du chef d'entreprise qui est interrogée à ce moment-là.
En définitive, la CAF est un cash flow potentiel, celui qui arrivera effectivement dans quelques semaines, après règlement effectif des clients et fournisseurs déjà facturés. Le cash flow réel, ou bien encore flux de trésorerie d'exploitation, ou opérationnel, correspond à ce que l'entreprise a reçu sur son compte bancaire de la part de ses clients, et à ce qu'elle a déjà payé à ses fournisseurs.
Le lien entre les deux est le besoin en fonds de roulement (BFR), qui correspond à l'avance de trésorerie nécessaire pour soutenir la croissance d'une activité existante ou lancer une nouvelle activité : c'est l'argent avancé alors qu'il n'y a pas encore les entrées correspondantes. Cette augmentation du BFR, que l'on peut imaginer comme une mallette d'argent bloqué, correspond en réalité à la différence entre la CAF et le cash flow d'exploitation. Ainsi, en phase de croissance et de forte augmentation du BFR, le chef d'entreprise doit veiller à la bonne gestion du BFR afin qu'il ne monopolise pas l'intégralité de la CAF, empêchant de générer un cash flow d'exploitation suffisant et immédiat, soit utilisable rapidement.
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