Des propos malveillants ont été tenus à votre encontre? Ils peuvent avoir de lourdes conséquences sur votre personne ou votre société; il est important de réagir vite. Une fois avérée et jugée, la diffamation publique est passible de sanctions civiles et pénales.
La diffamation publique
Diffamation, injure, dénigrement… les contours des propos malveillants sont parfois difficiles à délimiter. Mais pour bien réagir, il vaut mieux savoir de quoi on parle.
Qu’est-ce qu’une diffamation ?
Diffamer quelqu’un signifie l’accuser d’un mal sans même que le fait soit vérifié, et tant qu’il reste vérifiable. Si l’on peut prouver que la personne n’a pas commis le fait dont il est accusé, c’est une diffamation, et si le fait reste invérifiable, on parle alors juridiquement d’une injure.
La diffamation porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne qui en est victime, en cela, elle est un délit.
Diffamation, dénigrement, calomnies… les différences juridiques
Injure, diffamation, dénigrement, calomnies… : ces atteintes à l’honneur de la personne sont traitées différemment et toutes punies par la justice. Pour intenter une action en justice pour s’en défendre, il convient de déterminer avec précision de quel type d’atteinte il s’agit.
À la différence de l’injure et de la diffamation, la calomnie n’est pas un délit en tant que tel. Mais la dénonciation calomnieuse, soit le fait de s’appuyer sur un mensonge pour nuire à une personne est un délit sévèrement sanctionné.
Le dénigrement s’applique quant à lui à une entreprise au sens global ou à ses produits. Il est constitué par un ensemble de propos péjoratifs, publics, visant une entreprise identifiable. Dans la mesure où il est émis par un acteur économique ou une autre entreprise cherchant à en bénéficier, il est considéré comme un fait de concurrence déloyale.
Le caractère public de la diffamation
La diffamation est considérée comme publique dès lors qu'elle est accessible et peut être entendue par un public extérieur à la relation diffamateur/diffamé.
Critiques sur les réseaux sociaux ou dans les médias, mots affichés, paroles diffamatoires criées en public sont autant de propos qualifiés de diffamation publique. Un lieu fermé ou un endroit privé ne retirent pas le caractère public de la diffamation, dans la mesure où des personnes indépendantes à la relation diffamateur/diffamé peuvent entendre ces propos.
Si aucune tierce personne ne peut les entendre, ou si les personnes qui entendent sont liées aux deux parties impliquées, la diffamation est d’ordre privée. Cette notion devient complexe dès lors qu’on évoque la publication de diffamation sur les réseaux sociaux. Suivant l’accessibilité des propos, et le type d’abonnés pouvant en prendre connaissance, la diffamation sera publique ou privée.
Le délit pénal de diffamation
Les éléments constitutifs
Devant la justice, 4 éléments constituent le délit de diffamation publique :
- L’allégation d’un fait précis ;
- L’atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ;
- La personne visée par les propos doit être déterminée ou facilement identifiable ;
- Le caractère public des propos.
Dès lors que ces éléments matériels sont avérés, la mauvaise intention ou intention coupable, soit l’élément moral est présumé.
Si les propos n’ont pas été tenus avec une mauvaise intention, leur auteur devra prouver sa bonne foi sur 4 critères :
- Prudence et mesure dans l’expression des propos, sans exagération ;
- L’absence de conflit personnel avec la victime ;
- La présence d’un but légitime : informer sur un fait grave, par exemple ;
- Le sérieux de l’enquête : prouver que la croyance en la culpabilité de la personne diffamée se fonde sur une recherche solide, et qu’il ne s’agit pas d’une accusation au hasard.
Les sanctions pénales et civiles encourues
Entre particuliers, si les propos sont jugés diffamatoires, le coupable encoure une amende de 12000 €.
Si la diffamation s'accompagne d'un élément aggravant (racisme, sexisme, homophobe, ou à caractère discriminatoire contre une personne handicapée), l’amende est de 45000 € d’amende, associée ou non à une peine d’un an d’emprisonnement.
Contre un élu local, un parlementaire, un policier, la peine encourue est également de 45000 € d’amende.
Que faire face à une diffamation ?
Face à une diffamation, il est conseillé d’agir vite : le délai de prescription est de 3 mois seulement, à partir du jour où elle a été commise. Si la diffamation est discriminatoire, c'est-à-dire porte atteinte à la personne en raison de son appartenance ethnique, religieuse, de son sexe, de son orientation sexuelle ou de son handicap, le délai est d’une année.
Le dépôt de plainte
Le premier pas pour réagir contre une diffamation est de porter plainte. Si l’auteur des propos est connu, il doit être visé par la plainte.
Dans le cas d’une publication dans les médias – journaux, radio, télévision -, la plainte doit être déposée contre le directeur de publication, qu’il soit l’auteur ou non. S’il ne l’est pas, il sera jugé en tant que complice. Dans le cas d’une publication sur Internet, l’auteur des propos doit être visé par la plainte, et non l’hébergeur du site.
Si l’identité de l’auteur des propos n’est pas connue, la plainte sera déposée contre X, soit en plainte simple, soit en constitution de partie civile : l’enquête sera alors déclenchée d’office, sans passer par la demande au procureur de la République. La personne devra alors constituer ses preuves par elle-même.
La citation directe
Lorsque l’on connait l’auteur de la diffamation, il est possible de déposer une citation directe auprès du tribunal sans passer par le dépôt de plainte.
Le dépôt de plainte est l'élément déclencheur de la procédure d’enquête, suivi de la demande auprès du procureur de la République qui décidera de la suite à donner - classement, remboursement, procès et jugement par le tribunal… -. A l'inverse, la citation directe ne passe pas par l’enquête préalable de la police ou de la gendarmerie ni par le procureur, mais est adressée directement au tribunal pour un procès.
La diffamation publique nécessite donc des éléments constitutifs précis afin d'être caractérisée et sanctionnée. Ce délit est complexe à définir mais peut avoir très vite de graves conséquences sur votre image. Victime de cette situation, il est donc recommandé de se faire accompagner par un professionnel.