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Régime matrimonial : quel impact en cas de cession de parts sociales ?

Sofia El Allaki
Écrit par Sofia El Allaki. Diplômée d'un Master II en Droit des affaires

Le mariage et la création d’une entreprise semblent être a priori des questions tout à fait indépendantes l’une de l’autre. En effet, on n’insiste jamais assez sur la séparation entre la personne morale de la société, et la personne physique du dirigeant. Pourtant, le régime matrimonial choisi lors de l’union avec son conjoint peut avoir des impacts sur la tenue des affaires. Les systèmes des régimes matrimoniaux permettent justement de nuancer cet adage grâce à un encadrement juridique. La cession de parts de sa société fait partie des questions qui sont réglementées.

 

 

Régimes matrimoniaux, le principe du contrat de mariage

 

Un régime matrimonial est un accord convenu entre les époux et qui règle les rapports patrimoniaux ces derniers. Le patrimoine des époux est constitué de l'ensemble des biens leur appartenant. On entend par le terme « bien » un objet, un patrimoine immobilier, ainsi que les droits et actions s'y rapportant, donc potentiellement les actions d'un société. Lorsque les parts de votre entreprise font partie de la communauté, alors le conjoint a un droit de regard et même de décision sur l’usage qui doit en être fait.

 

La communauté universelle

 

C’est le régime matrimonial solidaire à 100 %. L'ensemble des biens de chacun des époux, qu’ils aient été acquis avant ou après l'union, font partie de la communauté. Les biens sont mis en commun, quelles qu’en soient la nature et la différence possible entre les patrimoines de chacun avant l’union. Même si une voiture a été achetée par un seul des époux, elle appartient aux deux.

 

La séparation des biens

 

Chacun des conjoints conserve la jouissance et la possession de ses biens. Ce qui a été acquis avant ou après la date du mariage appartient uniquement à celui qui a réalisé l’achat. Y compris si un crédit a été contracté et que le remboursement n'a pas été encore complété au moment de l'union. 

 

La communauté réduite aux acquêts 

 

Pendant la durée du mariage, il est considéré comme une séparation des biens personnels. Lorsque le divorce est prononcé, l’époux le moins riche a le droit à une participation de la part de l’autre, à la hauteur de la différence de valeurs entre leurs biens.

La communauté réduite aux acquêts est le régime par défaut en droit français. Il permet que les biens acquis avant le mariage soient conservés dans les patrimoines personnels, tandis que ce qui est acheté pour la gestion courante du couple appartient à la communauté.

 

Céder les parts de son entreprise, mon conjoint est-il impacté ?

 

Au regard des différents régimes matrimoniaux, l’influence sur la procédure de parts sociales de son entreprise est une question de calendrier.

En effet, lorsqu’une part sociale fait partie des biens en commun selon le régime matrimonial, alors l’acte de cession doit mentionner l’approbation du conjoint. Étant donné que la part sociale appartient également à l’époux, il n’est pas possible de procéder à une cession même partielle sans qu’il ne l’approuve. Cet accord prend autant en compte le seul principe de la cession, et le tarif convenu pour la transaction. La cession de parts ne peut donc pas se faire à la seule initiative du dirigeant lorsque l’entreprise a été créée après le mariage alors que vous êtes au régime de la communauté réduite aux acquêts. Il en est de même pour la communauté universelle.

Au contraire, un contrat de mariage qui établit la séparation des biens permet cependant une totale indépendance du conjoint qui dirige une entreprise sur ce qu’il pourrait faire de ses parts, y compris la cession. Même s’il s’agit d’une question qui peut être discutée au sein du couple, aucune disposition légale ne demande l’agrément de la cession par le conjoint.

 

Le conjoint est-il un associé de l’entreprise ?

 

Malgré le fait que l'un des époux soit également propriétaire des parts sociales de l’autre selon le régime matrimonial adopté, cela ne signifie pas que sa personne physique dispose de droits de vote en assemblée générale.

Il peut cependant revendiquer ce droit en adoptant le statut d’associé pour un droit de vote et de rémunération égal à la moitié des parts de son conjoint. Pour ce faire, une lettre doit être envoyée à l’entreprise afin de signifier le souhait personnel d’être associé de l’entreprise. Cette possibilité n’est pas systématique puisque les statuts de l’entreprise ou bien la nature même du métier exercé peuvent s’y opposer. Dans le cas d’une entreprise qui exerce une profession réglementée où les associés sont obligatoirement médecins (comme dans les SELARL), si le conjoint ne l’est pas alors il ne pourra pas bénéficier du statut d’associé.

La revendication du statut d’associé par le conjoint est possible à tout moment durant le mariage, jusqu’au jour de prononciation du divorce.

 

Procédure de cession de parts lorsqu’ils font partie de la communauté des biens

 

Une fois les modalités de la cession de parts convenues (nombre de parts, valeur des parts), il est nécessaire de disposer de l’agrément des personnes concernées. Il faut se référer aux statuts de l’entreprise, et au régime matrimonial du dirigeant cédant. La cession des parts peut en effet être sujet ou non à l’agrément des autres associés. La cession elle-même se déroule par la signature d’un acte privé, ou d’un acte notarié. Il doit bien mentionner l’approbation du conjoint lorsque les parts sociales cédées font partie des biens de la communauté issue du mariage du dirigeant. La procédure de cession des biens est enregistrée auprès du service des impôts des entreprises, et ouvre le paiement de droits de cession par l’acquéreur.

Afin de se sécuriser les projets du dirigeant vis-à-vis de son entreprise, il est indispensable de réfléchir mûrement sur le régime matrimonial à adopter en cas de mariage. Celui-ci peut avoir une influence concrète sur les affaires, car le conjoint peut se revendiquer en tant qu’associé alors que ce n’est pas forcément dans les intérêts de l’entreprise. Une discussion dans le privé, mais aussi avec un avocat spécialisé en droit des sociétés permet d’éclaircir les pour et les contres de chaque régime matrimonial. La cession des parts sociales devra quant à elle toujours respecter les procédures convenues en fonction des statuts de la société, et du consentement du conjoint s’il est nécessaire.

 

 

Sofia El Allaki
Écrit par Sofia El Allaki

Diplômée d'un Master II en Droit des affaires de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sofia a travaillé en cabinet d'avocats et en Maison d'édition juridique. Après avoir développé sa plume et ses compétences en édito, elle rejoint une agence de production de contenus parisienne en tant que Content manager senior, puis Account manager director. Aujourd'hui, elle est responsable contenu.

Relu par Pierre-Florian Dumez. Diplômé en droit

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