Dans le cadre de décisions stratégiques, conflit entre associés ou encore manque de performance, les associés d’une société par actions simplifiée (SAS) peuvent décider de révoquer le président de la société. Les règles relatives à la révocation d’un dirigeant varient en fonction de la forme de la société. Dans le cas d’une SAS, la révocation et ses modalités sont prévues par les statuts. Vous êtes associé ou dirigeant de SAS et vous vous interrogez sur les règles applicables et modalités entourant la révocation du président dans votre société ? Captain Contrat décrypte le sujet pour vous.
La révocation du président de SAS : qu’est-ce que c’est ?
La révocation figure parmi les causes de cessation des fonctions du Président d’une SAS, au même titre que la démission et le terme de son contrat. En principe, la révocation du dirigeant est totalement libre, mais dans certaines circonstances, elle peut donner lieu à une indemnisation.
L’importance des statuts sociaux dans la révocation du président de SAS
L’importance des statuts
Aucun texte légal n’encadre la révocation des dirigeants d’une SAS. Les statuts en fixent les modalités. Ils doivent donc être rédigés avec précision puisqu’ils encadrent la procédure de révocation du dirigeant. Les associés déterminent dans les statuts :
- L’organe compétent pour proposer la révocation ;
- Les délais de révocation ;
- L'éventuel préavis ;
- Ou encore le nombre de voix nécessaires pour que la révocation soit décidée.
Les règles régissant la révocation du dirigeant d’une SAS peuvent donc être très librement prévues par les statuts. Cependant, ce principe connaît certaines limites.
Les limites au principe de liberté des statuts
Il existe deux limites au principe de liberté des statuts en termes de révocation du président de la SAS :
- Le président peut être révoqué à tout moment, c’est-à-dire même lorsque la révocation n’est pas à l’ordre du jour et les statuts ne peuvent prévoir le contraire.
- Les statuts ne peuvent pas non plus prévoir que le président ne puisse pas participer au vote sur sa propre révocation, dans le cas où il serait associé.
Les différents types de révocation du président de SAS
Révocation ad nutum ou révocation pour juste motif
Dans une SAS, il existe deux types de révocation du président :
- Ad nutum, c’est-à-dire qu’elle peut intervenir à tout moment et ce, sans devoir invoquer un juste motif, évitant donc d’indemniser le Président révoqué. Ainsi, sauf stipulation contraire dans les statuts, les présidents de SAS peuvent être révoqués sans que les associés n’aient à fournir de juste motif ;
- Pour juste motif, c’est-à-dire pour une cause spécifiquement prévue par les statuts.
Parmi les exemples de justes motifs, peuvent figurer une faute commise par le Président (cour d’appel de Paris, 17 septembre 2013), ou une perte de confiance des associés de nature à compromettre l’intérêt social (Chambre commerciale de la Cour de cassation, n°17-11.103, 14 novembre 2018). Les motifs de révocation doivent être prévus dans les statuts. Le plus souvent, les motifs trouveront leur source dans une faute, une attitude ou un comportement de nature à nuire à l’intérêt social ou au bon fonctionnement de la société, comme la gestion ruineuse de cette dernière.
À défaut de précision dans les statuts, il convient de considérer que le président de SAS est révocable ad nutum (cour d'appel de Paris, 7 mars 2013, n° 12/08807).
Le cas de la révocation judiciaire
Les statuts peuvent prévoir la possibilité pour le juge de révoquer le président de la SAS. Il s’agit de la révocation judiciaire.
La révocation judiciaire ne peut en principe intervenir que lorsqu’elle est explicitement prévue dans les statuts (cour d'appel de Versailles, 17 septembre 2013, RG n°11/08705).
Toutefois, la jurisprudence n’est pas constante à ce sujet, et il a déjà été admis qu’un dirigeant de SAS fasse l’objet d’une révocation judiciaire alors même que cette possibilité n’était pas prévue dans les statuts. Cela se justifie généralement en cas de situation de blocage.
La révocation abusive, brusque, injurieuse ou vexatoire
Lorsque la révocation est considérée comme abusive, brusque, injurieuse ou vexatoire, elle peut donner lieu au versement de dommages et intérêts visant à indemniser le dirigeant.
Pour éviter cette situation, la procédure de révocation, qu’elle soit ad nutum ou pour juste motif doit respecter :
- L'obligation de loyauté ;
- Le principe du contradictoire.
Le président visé par la révocation doit en effet pouvoir présenter ses observations avant que la décision ne soit prise. Il a par exemple été jugé que la révocation du président d’une filiale sans même qu’il n’en soit avisé était abusive (cour d’appel de Paris, 6 décembre 2016). Le caractère abusif peut aussi découler de circonstances vexatoires ou injurieuses comme une atteinte à l’honneur ou à la réputation du président. C’est le cas par exemple lorsque le dirigeant est obligé de quitter les lieux sans délai ou bien de remettre les clés dès la fin de l’assemblée ayant décidé de sa révocation.
Les dommages et intérêts peuvent être fixés par les statuts. Ils ne doivent pas être dérisoires, ni excessifs.
Compte tenu de l’importance des statuts dans la révocation du président de la SAS, il est conseillé d’être très prudent et de se faire aider par un avocat spécialisé, ce dès leur rédaction. Un expert saura en effet vous aiguiller et éviter les pièges afin de prévoir au mieux la procédure de révocation du président de votre SAS. L’avocat pourra en outre vous accompagner en cas de litige résultant de cette procédure de révocation.
- Ce sont les statuts de la SAS qui fixent les règles relatives à la révocation du président.
- Il existe deux types de révocation : la révocation ad nutum et la révocation pour juste motif.
- Dans certains cas, le juge peut prononcer la révocation du dirigeant de la SAS
FAQ
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📌 Comment révoquer un président d'une SAS ?
Il existe plusieurs modes de révocation du Président de SAS : ad nutum (à tout moment), pour juste motif (cause prévue par les statuts ou faute commise par le dirigeant), judiciaire (ordonnée par le juge). -
Quels sont les justes motifs de révocation ?
La jurisprudence a donné plusieurs exemples de justes motifs : une faute commise par le Président, une perte de confiance des associés de nature à compromettre l'intérêt social, la gestion ruineuse de la société.
Les commentaires (1)
Je suis directeur général à 50% des parts d'une société, mon associé ne vient plus , ne prends plus des nouvelles du bar et veux me confronté à un avo [...]
Je suis directeur général à 50% des parts d'une société, mon associé ne vient plus , ne prends plus des nouvelles du bar et veux me confronté à un avocat. Ai-je le droit d'ouvrir la société pour gagner de l'argent ou pas ?
Voir plusmoinsBonjour, merci pour votre commentaire ! Le directeur général d'une société détenant 50 % des parts de la société, et dont l'associé ne remplit plus se [...]
Bonjour, merci pour votre commentaire ! Le directeur général d'une société détenant 50 % des parts de la société, et dont l'associé ne remplit plus ses fonctions, dispose de plusieurs options afin d'ouvrir le lieu d'activité de la société : - Vérifier les statuts de la société afin de déterminer si une gestion conjointe de la société est requise et si les décisions importantes doivent être prises à l'unanimité. - Si les statuts ne permettent pas au DG de prendre de décisions importantes sans le consentement de son associé, alors il est possible de faire appel à un administrateur judiciaire sur requête du président du tribunal de commerce. Excellente journée !
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